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L'élévation attendrissante

19 Octobre 2012 , Rédigé par Nadir BOUMAZA Publié dans #Patrimoine urbain - Paysage - Centres historiques

 




        
        
        
        



Sous le ciel de Aïn SEFRA


Récits et nouvelles sur la torture pendant la guerre d'Algérie. ed. El Gharb, Oran, 194 p.





On en trouve peu dans la littérature off, des récits et nouvelles alertes, cocasses et fraîches d'une mémoire vivante qui compose des situations excellemment cadrées dans le temps, l'espace, la nature et l'ambiance d'une cité et d'un terroir lumineux. Faites du souvenir d'enfant marqué par la perte assassine du père et les aberrations d'un autre temps commises sur des innocents coupables de faire partie d'un peuple défait, pris comme objet de tortures et avilissements sadiques, elles font rire et sourire, émeuvent dans l'étonnement et attendrissent avec l'agilité du verbe et des rythmes qui fait éviter la compassion, la colère ou tout ressentiment.


Dans cette livraison poétique aussi vraie que généreuse et surprenante par ce qu'elle montre de la vie et d'un temps difficile, Boutkhil BEGHDADI dont le nom même est celui d'un lieu patrimonial pré-saharien, nous donne une leçon de générosité, un parfum de lieu et de temps que ne gâche même pas la trame historique d'une folie heureusement passée, dont les traces élèvent les plus humbles à la plus grande dignité.


Ses récits et nouvelles introduits par une belle préface de l'anthropologue, Abderrahmane MOUSSAOUI, racontent un temps essentiel de l'histoire sociale et font revivre une écologie humaine pré-saharienne qu'il importe de repenser.


Les affres et souffrances de la répression d'un colonialisme agonisant et de plus en plus cruel de sauvagerie et d'infirmité mentale, y ont pour pendant l'éternité des lieux et de leur lumière, la frugalité, la résistance des humbles dont les souffrances endurées alimentaient la force morale, la modestie et la sagesse.


L'auteur lui même qui y a perdu son père et recueilli sa sépulture en sait et en livre de façon pudique un témoignage exemplaire, si éloigné du mercantilisme professionnalisé de la mémoire de la guerre de libération nationale


Il est bon de lire et relire l'un et l'autre de ces beaux textes, de s'y attarder.


Ils font sourire, rire, s'attendrir et étonneraient de l'intime proximité entre le monde simple des petites gens de AïN SEFRA et l'expression si belle par la langue française si l'on oubliait que la culture, la langue, l'écriture et l'intelligence constituent précisément l'universalité.


Et l'on peut aussi s'attrister de constater combien la société algérienne est en train de se dénuder de ses cultures populaires et de l'intimité du rapport qu'elle a longtemps eu avec le milieu.


Grâce à ce recueil, il reste à méditer sur l'évolution contemporaine dans laquelle l'enrichissement et les progrès techniques n'intègrent pas le capital anthropologique de nos sociétés locales qu'il importe pourtant et de façon urgente, de protéger, consigner et intégrer dans la construction du futur.


Merci à Boutkhil BEGHDADI de cette belle contribution à la mémoire et à la sauvegarde des cultures populaires algériennes.








Prix très modique de 400 DA versé à une association


 





        
        
        
        





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