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Question urbaine et reconfiguration du lien social dans la ville maghrébine. De Jacques BERQUE à la ville présente.

22 Mai 2007 , Rédigé par Nadir BOUMAZA Publié dans #Sciences humaines et sociales

Question urbaine et reconfiguration du lien social dans la ville maghrébine. De Jacques BERQUE à la ville présente.

 

 

1)       Proposition

 

Comment se fait la ville et qu'est ce qui la fait? Comment évolue t-elle ? Quels sont les modes d'intégration des populations nouvelles mais aussi anciennes? Quels types de villes se sont constituées et quels modèles urbains – esthétiques, fonctionnels et culturels- peuvent être préfigurés aujourd'hui au Maghreb?

 

Que peut apporter l'anthropologie urbaine à l'action sur la ville?

 

Que disent l'anthropologie et la sociologie sur la ville au Maghreb?

 

Quelle est la nature des problèmes de l'action sur la ville?

 

 

Ces questions auxquelles nous ne saurions ni prétendre ni pouvoir répondre dans cette communication se posent de façon cruciale aujourd'hui et peuvent être considérées comme une entrée fort pertinente pour l'étude des sociétés maghrébines et pour le développement des méthodes les plus utiles à une compréhension globale permettant de dépasser les catégorisations essentialistes, culturalistes et déterministes.

 

 

L'éclairage de l'anthropologie en général et de l'anthropologie urbaine en particulier de est proposé ici comme essai sommaire et limité à l'aide de Jacques BERQUE qui selon Alain MAHE,  définissait le lien social au Maghreb par la relation entre lien tribal et fiction généalogique. Située à l'opposé des thèses segmentaristes et plus encore de la contradiction durkheimienne entre communauté à la société, opposition classificatrice des sociétés parmi lesquelles celles des berbères relégués à la solidarité mécanique, cette relation établie par  Jacques BERQUE fait de l'islam un lieu de synthèse de la sacralité universelle et de  la territorialité du group,e produisant ainsi "une humanité à contrat social" (A. Mahé, op.cit).

 

Rapportant cet apport Berquien à la ville à travers ses travaux sur Fès puis bien plus tard sur le fait urbain maghrébin dans sa globalité et dans ses transformations contemporaines (Médinas, villeneuve et bidonvilles), nous proposons une piste explicative des blocages de l'action publique sur la ville maghrébine par le décalage entre les logiques de cette dernière (logiques importées et plaquées à partir du droit positif) et les relations sociales constituées dans la ville par les logiques d'obligation réciproques qui se tissent dans le quotidien et dans le temps entre habitants et autorités à travers les jeux institutionnels et les transactions assurant l'ordre social.

 

L'ampleur et la centralité de la question urbaine posée comme cadre déterminant et comme forme de recomposition du lien social a pour pendant certes la méconnaissance du lien social mais aussi la perte des signifiants et repères des individus et des groupes en constitution.

 

Cette question est porteuse d'un double mouvement d'accélération du changement social dont ls tensions et conflits s'organisent autour de mouvements constitutifs du passage à la modernité: l'avènement de l'individu engagé dans la première moitié du vingtième siècle, la formation des groupes constitués par l'intégration urbaine et la définition du contrat social  tel que situé dans les processus de mutation des Etats nations au sein de l'internationalisation.

 

La temporalité des processus apparaît comme essentielle:

 

Les crises successives de la ville générées par la succession de changements opérés à l'échelle de quelques décennies (indépendances, explosion démographique et exode rural, urbanisation exogène et endogène, changements des paradigmes économiques avec le post-fordisme puis la mondialisation, sortie des nationalismes et mutations technologiques engendrant des mutations culturelles, retour du religieux,….) et encore mal digérés imposent des temps de stabilisation pour que se redéfinisse le lien social sur la base de la relation entre entre lien organique et lien mécanique ou plutôt symbolique élargissant la référence à des communautés modernes internationales (passage de l'arabisme et de l'islamisme à la régionalisation internationale notamment), à des groupements culturels de référence (amazighité, islamité redéfinie,"régions" d'appartenances,..) et à des communautés urbaines concrètes dans lesquelles se déroulent les transactions.

 

Nous assistons ainsi à un double mouvement de redéfinition des appartenances communautaires et de constitution de nations modernes elles mêmes sujettes à repositionnement à l'échelle du Maghreb comme sous région euro-africaine et fondées sur le droit positif et les valeurs liées de droits d'une part, et d'inscription internationale des identités et des stratégies (émigration, accès à l'information, modernité) d'autre part.

 

 

Nous postulerons alors l'utilité et la nécessité des analyses de la redéfinition du lien social et de l'intégration urbaine avec ce qu'elle indique comme obligations réciproques dans la définition du nouveau contrat social et du modèle de cité dont les dimensions économiques, culturelles et esthétiques constituent un enjeu et un pari majeur pour les acteurs sociaux. Nous plaiderons ainsi le rôle ressource de l'anthropologie urbaine comme méthode générale d'appréhension de la cité considérée comme communauté historicisée dans laquelle se déroulent les liens constitutifs d'une interaction permanente entre contrat et statut et entre les communautés et groupes permettant l'épanouissement de l'individu et des cultures.

 

 

2)       Eléments sur la lecture berquienne de la ville maghrébine:

 

 

 

Jacques Berque, dans un texte essentiel intitulé Médinas, villeneuve et Bidonvilles nous fournit un texte aussi exubérant et savant que l'ensemble de ses travaux. Il y propose une analyse lumineuse des transformations de la ville maghrébine, fournit tout à la fois une typologie des villes et des composantes de la ville (le titre) et une lecture des fondements de la ville qu'il avait construit dans des textes  de 1939 (les ""marranos), 1940 sur "la criée publique à Fès" tandis de 1937 sur "l'université et la ville" à Fès.

 

La ville de Fès et d'une certaine manière la ville en général au Maghreb constitue une sorte de miracle, ce qu'il appelle la "synthèse urbaine" qui tient à une articulation étroite entre la structure sociale organisée à Fès par le triptyque du négoce, de l'artisanat et de l'université lequel triptyque résume et intègre l'histoire de la ville, à savoir son peuplement – les Chorfas, les Andalous, les "beldis" régulièrement transformés en citadins.

 

- Cette ville ainsi structurée est en relation avec la campagne et les ruraux par la commandite et l'échange. Le négoce tel que conduit par les citadins à travers un système qui associe étroitement le commerce international avec le commerce local dont l'organisation et le déroulement – luxe des transactions "mu'amalat",  répond à des logiques économiques et de marché dont les cours se définissent selon des règles . Ainsi la criée publique, "champ du hasard et de l'agio" vient elle alimenter et prolonger les transactions et régulière.

 

La  bourgeoisie fortement organisée pour imposer et faire fonctionner sa suprématie et ses marques distinctives,  est tenante d'une culture dont la vastitude et la codification va jusqu'à l'inscription dans le port et le corps – le grasseillement,..-, constitue bien entendu l'appareil social déterminant qui régule les rapports entre les organisations sociales, la cité elle même et la culture dans laquelle la r17/05/04eligion qui fait fonction de ciment social et fait obligation de solidarité rappelant tout individu et toute situation au principe d'égalité fondamentale entre les croyants,

 

-l'université, corps opposé au commerce, est associée quant à elle à la religion qu'elle enseigne et étudie. Elle irrigue la cité de son savoir renouvelé qui inscrit les codes et les règles du contrat dans l'interprétation des références fondamentales de la religion, de la jurisprudence, des coutumes et des préceptes moraux.

 

 

 

Références:

 

Jacques BERQUE, Opéra minora, Bouchene Editions, volumes I, II et III, Paris, 2001

 

Alain Mahé, introduction au volume II de Jacques BERQUE, Opéra minora, Bouchene Editions, Paris, 2001

 

 

                              

 

 

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A
Merci pour cette annonce...D'ailleurs, il est très utile de mettre sur le Web vos communications , c'est un moyen pour diffuser de nouvelles idées et de nouvelles approches surtout pour les étudiants et les doctorants... Merci pour cette élégance....A.BOUCHAREBhttp://pro-urb.over-blog.fr/
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