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Mutations urbaines dans les pays du Maghreb

22 Mai 2007 , Rédigé par Nadir BOUMAZA Publié dans #Urbanisme

Mutations urbaines dans les pays du Maghreb

 

et transformation des approches

 

et des métiers de la ville.

 

 

Nadir BOUMAZA

 

 

de la continuité entre structures et systèmes de la ville et de la formation:

 

L'initiative de l'INAU et du Centre jacques BERQUE, de réunir les scientifiques et professionnels spécialistes de la ville sur le thème des métiers de la ville est d'autant plus intéressante et bienvenue que les rencontres et réflexions si nombreuses concernant la ville, tendent à intégrer ce thème dans une approche des acteurs par trop limitative des métiers à ceux des architectes, urbanistes et aménageurs. On voit pourtant et en effet se multiplier les modes d'intervention sur la ville soit par élargissement des procédures, méthodes et définitions de projets urbains soit indirectement par les domaines connexes comme ceux du développement social urbain, de la gestion des services ou de la mobilisation partenariale.

 

Contre cette tradition restrictive des métiers et des acteurs professionnels, l'initiative rejoint donc  les initiatives constituées depuis une trentaine d'années aux Etats Unis par les mouvements sociaux comme ceux des CDC (Communities Développement Corporations) et en France, depuis le début des années quatre vingt par la "Politique de la ville", en faveur des quartiers pauvres et marginalisés avec de nouvelles manières de réfléchir et de travailler pour la ville et les populations victimes des crises comme des avatars de l'urbanisme.

 

Cette initiative est également importante parce qu'elle pose depuis la question des métiers ( qui n'est pas réductible à l'offre), celle des formations universitaires et non universitaires. orientées vers la production et la gestion de la ville Et le fait de partir des métiers pour aller vers les formations, constitue précisément un renversement des postures de réflexion sur les formations qui restent généralement conçues sans liaison entre les appareils de l'éducation et les marchés auxquels s'adressent les diplômés.

 

Les systèmes de formation des pays du Maghreb et du monde arabe en général sont en effet plutôt submergés par les problèmes bien lourds et bien graves de la demande en nombre, d'éducation et de formation et des difficultés d'insertion professionnelle des diplômés. Les établissements manquent s'ils le veulent, de pouvoir s'organiser à y répondre en raison tant de manques de moyens financiers et organisationnels, que de lourdeur, inerties et inefficiences propres à leurs structures et explicables par leurs fonctions sociales, leur mode de contrôle et les enjeux idéologiques, politiques et de contrat social qui font leur environnement.

 

Les systèmes de formation, ceux de la recherche ou des études qui leur sont liés sont pourtant également, et il est important de le rappeler, partie prenante de la construction de la pensée sur l'espace et la ville, et de sa production par les acteurs. Ils constituent en effet les cadres de fabrication et d'orientation des approches, idées et positions, postures et dispositions, des corps sociaux de fonctionnaires, décideurs, professionnels mais aussi de tous les autres professionnels qui, d'une manière ou d'une autre en sont influencés. même lorsqu'ils développent des logiques contradictoires des définitions publiques des métiers et des professions.

 

La réflexion sur les métiers de la ville peut de ce point de vue s'inscrire dans une démarche qui envisage le fait urbain et ses dynamiques comme une construction sociale à laquelle concourent les métiers constitués par les systèmes urbains eux mêmes et par les systèmes de formation.

 

On pourrait ainsi formuler une hypothèse selon laquelle ce sont moins les décalages des modes et types de formation avec les réalités urbaines qui poseraient question que l'inscription de structures aussi diverses que celles du fonctionnement des appareils des Etats des institutions ou des organisations sociales (socio-professionnelles notamment) dans des visions dominantes quoique décalées de la manière de faire la ville, ces manières étant constituées par ignorance des alchimies sociales et urbaines, c'est à dire par recherche permanente de modèles maîtrisables d'urbanisme, de construction et de gestion. . Il s'agirait de ce point de vue d'analyser les logiques de fonctionnements segmentés ou dichotomiques des différents pans de la société pour s'intéresser aux continuités entre corps sociaux et structures sociales, entre public et privé, pensée et action.

 

Cette hypothèse nous amènerait à dépasser l'idée selon laquelle les appareils de formation ne forment pas les personnels, compétences et modèles utiles et nécessaires à la gestion transformatrice de la ville pour considérer les continuums constitués entre le fonctionnement des systèmes et celui de la ville. Par exemple si des architectes acceptent de signer des plans établis par des dessinateurs ou encore de cautionner des constructions conçues et mises en œuvre par des entrepreneurs, promoteurs-spéculateurs c'est d'une part parce que le système l'impose quelque part, selon des logiques d'intérêt qui ne se réduisent pas aux gens de pouvoir et d'influence. Et si les universités ne produisent que des chômeurs ce serait non pas par incapacité ou dépassement mais avant tout parce que la société et le système ne leur ont pas donné cette fonction de production et ont privilégié d'autres fonctions, plus symboliques et plus sociétales.

 

C'est dire que les constats que l'on peut établir, constats d'archaîsme, de dépassement voire d'incompétence des établissements de formation, n'appellent pas d'abord et avant tout quelque révolution réformatrice (si l'on peut dire, l'inverse étant plus fréquemment vérifié) mais plutôt des impulsions à visée transformatrice, impulsions qui seraient manière de poser la question du changement et de l'action transformatrice.

 

On se demandera ainsi d'une part comme l'y invite le colloque d'ailleurs, ce que la ville contemporaine génère, produit et demande comme métiers et compétences et d'autre part la façon dont les institutions et établissements peuvent non seulement s'adapter mais aussi et surtout penser leur ambition sociale.

 

Pour aborder cette question nous procéderons préalablement par un examen de certains aspects de l'évolution de la ville arabe et maghrébine au regard de transformations communes à l'ensemble des systèmes urbains dans le monde et nous aborderons ensuite la question des métiers sous l'angle de la formation et de l'ajustement des systèmes de formation.

 

1- Mutations urbaines

 

La transformation de la ville dans l'urbanisation

 

"Le monde s’urbanise à une très grande vitesse. Le Maroc, dont la population urbaine ne dépassait pas 29% en 1960, en compte actuellement 54% et frôlera probablement les 70% en 2020.Cette croissance implique une augmentation des besoins en logements, équipements, services, éducation, emploi,… et des transformations sociales et spatiales, mais surtout, elle incite à repenser la conception de la planification de nos villes ainsi que les modalités de production et de gestion de l’urbain" (texte d'annonce du colloque).

 

Examinée du côté de la ville, la réflexion collective et institutionnelle sur les métiers de la ville nécessite une interrogation et une compréhension des transformations et des fonctionnements des systèmes urbains, de leur gestion et de leur régulation par l'analyse des compétences et autorités techniciennes et scientifiques qui reflètent les transformations en cours et y participent ou encore une analyse des dynamiques sociales et institutionnelles, de construction de métiers et compétences et consécutivement d'ajustement des formations et des diplômés à ces évolutions. 

 

La question première de la réponse aux défis de l'urbanisation celle, classique de l'urbanisme: comment préparer demain,? comment gérer l'existant?, maintient la nécessité d'anticiper et de gérer l'existant en préparant le futur avec des moyens disponibles et constitués ou à constituer. L'approche prospective toujours indispensable ne cesse de s'enrichir avec l'accroissement continu des sources, bases de données réorganisées en systèmes d'information et leçons de l'urbanisme et méthodes d'analyse de l'information. Elle reste cependant limitée par divers obstacles et réalités comme l'irruption de l'événement, la perturbation des cycles et des évolutions c'est à dire par ce qui fait l'histoire, cette singularisation permanente des devenirs que les ambitions collectives les mieux organisées et les plus rationalisées ne peuvent penser qu'à travers les représentations du présent,. dans une expérience du passé  projetée par les ambitions et velleités idéelles., comme par les volontés C'est pourquoi les leçons des décennies récentes, celles du développement et des libéralisations comme celles de l'urbanisme de planification ont fait place à des démarches plus pragmatiques, plus souples et plus modestes qui privilégient la construction multipartenariale et l'accompagnement de ce qui émerge.

 

Les analyses des temporalités et des évolutions tout comme les nouvelles démarches prospectives mettent ainsi en avant le poids des structures longues et des permanences, des contextes et situations, du rôle de l'événement, de la relativité des faits, ou encore des décalages entre objectifs, analyses et politiques, effets inattendus de l'action que ces effets soient pervers, vides ou bifurcateurs. On pensera à la critique des prévisions des schémas directeurs, aux contournements et détournements des zonages et réglementations de l'occupation du sol. On pensera aux délais réels des opérations, aux dépassements de analyses et des objectifs dès lors même que sont engagées le opérations, à la disparition des moyens prévus initialement par les opérations ou des clientèles et marchés visés, à l'évolution des valeurs et styles de vie. On pensera donc à ce qui a fait passer l'urbanisme de la rénovation à celui de la protection ou à la critique de l'urbanisme des grands ensembles, ou encore au passage des projets de destruction des bidonvilles et de relogement dans le cadre de programmes toujours inachevés voire inentamés aux opérations intégrées et d'intégration de l'auto-construction et des productions de filières.

 

La nature et la transformation du fait urbain

 

La continuation de l'urbanisation dans le monde arabe, s'est faite à la fin du XXème siècle, avec des infléchissements et parfois des accélérations mais surtout avec des modifications des processus[1] (migrations interurbaines et migrations descendantes), des rythmes, des résultats ( l'explosion attendue n'a pas eu lieu), des modes de gestion (retrait partiel de l'Etat) et changement de ses modes de régulation ( partenariat, négociation).

 

Le déploiement spatial de l'urbanisation présente des tendances parfois inattendues comme celle concomitante à la métropolisation, du report de la croissance vers des villes petites et moyennes comme cela se passe en Europe mais aussi en Afrique sub-sahélienne. Ces reports indiquent des phénomènes encore mal étudiés de regénérescence de réseaux de villes, de pôles anciens mais aussi une souplesse du système qui réagit aux crises économiques et urbaines (logement et emploi), qui enregistre les mutations démographiques et socio-démographiques, notamment les effets de la chute de la mortalité et de la fécondité..

 

Elle fait apparaître des acteurs renouvelés ou "révélés" (comme ceux des filières de production de logement[2]) et des préoccupations sociales et politiques nouvelles comme celles des difficultés d'emploi rencontrées par les diplômés, du raccordement aux réseaux, de l'accompagnement social, de l'autoproduction, de la protection du patrimoine, du développement social, de l'interaction avec les formes localisées de croissance.

 

Le contexte a également changé tel que constitué par la globalisation et la mondialisation qui remettent en cause l'inscription nationale des processus, des projets et de l'action en permettant le "branchement" ou la connexion directs avec des marchés, avec des technologies ou des partenariats internationaux.

 

La ségrégation hier observée dans la seule opposition entre la ville indigène dominée et la ville coloniale et dominante, se confirme dans un cadre national. Elle s'est complexifiée dans l'étalement ajoutant aux deux villes traditionnelles et aux bidonvilles en bonne partie régularisés, celle des lotissements de classes supérieures, de classes moyennes, de l'habitat dit économique ou comme c'est le cas en Arabie, de quartiers également ségrégés d'étrangers.

 

Les dimensions de la ville s'étant élargies en surface mais aussi en composition sociale, les échelles de fonctionnement de la ville combinent des questions de métropolisation, d'agglomération, de ville-centre, de quartiers et de niveaux infra locaux ou spatiaux.

 

Plus largement encore il convient de s'interroger sur les rapports constitués entre l'Etat et la ville à propos de la nature du fait urbain comme du fait municipal qu'il engendre c'est à dire à propos de l'apparition qui peut n'être qu'une réapparition, des particularités et des autonomies du fait urbain. On considérera là, l'ambiguïté de la relation conflictuelle et concurrentielle entre la ville et l'Etat.

 

La multiplication, la diversification et le brouillage des contenus et définitions des métiers de la ville appelle de ce fait une approche en termes de compréhension de dimensions oubliées ou secondarisées des particularités du fait urbain lequel, a toujours été déterminé par l'existence de coalitions locales constitutives du pouvoir municipal et de la singularité de la ville.

 

Et cette existence de la société qui fonctionne dans la ville sous des formes diverses parmi lesquelles les solidarités, alliances, compétitions ou luttes se traduisent en jeux de pouvoir, ne se limite pas à la ville héritée et anciennement constituée. Elle est également le fait des villes nouvelles et des quartiers nouveaux. Car il n'est peut être que les urbanistes, les architectes et les politiques pour croire que la création ex-nihilo à partir du plan projeté et matérialisé dans l'espace peut donner lieu à la création d'une société nouvelle comme si les nouveaux habitants des nouveaux quartiers n'avaient eu de vie antérieure ni d'inscription dans les rapports sociaux et relations sociales ou n'avaient pas d'identité sociale pré-construite qui tend à orienter leur inscription spatial nouvelle.

 

Mais cela tient certainement à l'accélération et à l'accroissement des processus de création et de constitution de la ville dans lesquels la création "ex nihilo" ou l'intervention lourde de pouvoirs politiques et militaires ont toujours joué un rôle initial générateur d'une société locale qui survit à ces pouvoirs pour devenir une entité particulière[3]

 

"Reste le problème du sens communiqué, sans quoi l'architecture devient un vaisseau de formes sur l'océan immobile de l'éternité". Henri RAYMOND. 1984. p.84

 

 

Une nouvelle ville? De nouvelles lectures du fait urbain?

 

Le bouleversement des modes d'urbanisation et de ses mécanismes laisse apparaître de nouvelles formes urbaines, de nouveaux rapports à l'espace et donc des statuts et des hiérarchisations des espaces privés et publics au point que les marqueurs culturels et sociaux de la ville maghrébine en sont renouvelés.

 

Les constats nouveaux appellent des réinterprétations du fait urbain dans lesquelles les démarches compréhensives, qualitative et systémique remplacent les modèles interprétatifs hérités du 19è, fonctionnalistes ou marxistes, fondés sur un modèle plutôt évolutionniste dans lequel l'Etat joue le rôle principal d'impulsion, d'orientation et de régulation. par l'urbanisme et l'aménagement.

 

La modification du rôle de l'Etat est souvent interprétée comme rupture créatrice d'une situation nouvelle. Mais Celle ci peut cependant à l'inverse, apparaître comme une exceptionnalité historique qui a occulté l'autre fait majeur également historique de l'existence de systèmes urbains et de villes dotés d'instances et de pouvoirs locaux à travers la forme municipale, présente sous des formes diverses dans l'ensemble des civilisations et des aires culturelles, même dans les situations comme celle de la Chine où la ville est le produit de l'octroi étatique d'un statut .

 

Ce fait majeur longtemps occulté, semble cependant se réimposer à la faveur des processus de désengagement de l'Etat et de transformation des rapports du local au global que favorisent les mutations technologiques notamment le bouleversement des possibilités de communication.

 

La décentralisation que suggèrent la démission ou la remise en question de l'Etat, devient de ce fait champ de consensus et objectif commun au discours de  l'Etat et aux revendications des collectivités et de la société civile réorganisée. Elle requiert cependant non seulement une redistribution des pouvoirs et des moyens mais également une préparation des collectivités locales comme des administrations qui restent cependant contraintes par les modes et faiblesses de déploiement de l'action publique et d'organisation de systèmes nationaux et étatiques quelque peu inachevés. Elle constitue de ce fait une panacée ou une fuite en avant qui impose quelquefois des retours de l'Etat et la prise de conscience d'une complémentarité de ses forces et de ses compétences avec celles des collectivités locales, le développement de ces dernières exigeant la modernisation et même le renforcement du premier dans des définitions nouvelles des manières de mobiliser moyens et compétences, des manières d'agir, de décider et d'accompagner .L'enregistrement de ces nécessités n'en reste pas moins freiné par des pesanteurs sociales d'autant plus lourdes que les individus sociaux ont manqué de rapporter leurs nouvelles positions , alliances et visées aux nécessaires transformations et modernisations des structures de l'Etat, des institutions et des collectivités.

 

On assiste de fait aujourd'hui, à une évolution de la représentation et de la demande d'action au sein des acteurs de l'urbanisme qui tendent à privilégier les démarches constructrices de projets en partenariat. Ces démarches qui s'alimentent du mimétisme moderniste de l'expérience occidentale ainsi que des constat des limites de l'Etat ou des potentialités émergentes. sont souvent suggérées par l'Etat lui même alors que les rôles sociaux des agents des administrations et des organismes et que les définitions officielles de l'action, restent attachés aux procédures. La multiplication et la diversification des acteurs (entrepreneurs, promoteurs, organismes intermédiaires créés par l'Etat, associations et ONG, émigrés,..) contribuent à ces transformations de relations

 

Divers domaines donnent lieu à la concrétisation de ces démarches. ou du moins à la remise en cause de l'héritage. dans les pôles avant-gardistes tandis qu'opèrent des régressions et instrumentalisations . L'exercice des métiers d'architecte et d'urbaniste se partagent ainsi entre des pratiques plus ou moins auto-dévalorisantes et plus ou moins efficaces économiquement, de mise au service des promoteurs informels ou des fonctions administratives les plus bureaucratiques, et des pratiques d'adaptation créatrice et innovante aux situations urbaines et aux marchés: plurisdiciplinarité et spécialisation, confortées par l'emprise de l'urbanisme sur l'architecture et par l'informatisation de la projection (CAO), participation à des démarches associatives ou  des programmes publics novateurs, mobilisations locales pour des causes urbanistiques dans lesquelles la protection du patrimoine, et la recherche de démarches adaptées, économiques et "intelligentes" remplacent les mobilisations politiques d'hier.

 

Sur les instruments d'urbanisme

 

Les processus de croissance et de transformation urbaines que nous avons exploré plus haut ne manquent pas de poser "la question des instruments de la gestion urbaine, que sont par exemple les Codes d'Urbanisme ou les Plans d'Aménagement Urbain ou encore les Schémas directeurs"[4] Ces instruments dont il est difficile d'apprécier l'évolution dans le détail et dans le degré d'efficacité, ont particulièrement évolué dans les trois pays du Maghreb. Des législations urbaines et foncières ainsi que des réglementations urbaines affinées, et des plans divers d'urbanisme et d'aménagement à caractère général et spécialisés (touristique, industriels) ont été mis en place de façon régulière et progressive selon des principes généraux d'adaptation des modèles français aux réalités foncières, urbaines et socio-politiques. Ces lois et règlementations qui ont été élargis aux champs de la protection de l'environnement et du patrimoine présentent partout la particularité de constituer un cadre légal pour l'action de l'Etat et surtout de fixer les termes de la contrainte à l'urbanisation illégale même si la répression de cette dernière est partout modulée en fonction des situations et des enjeux sociaux et politiques. A ces instruments se sont ajoutés les dispositions réglementaires, procédurales et organisationnelles créées par l'existence et le développement de l'habitat dit spontané et des diverses formes d'occupation et d'organisation marginales de l'espace. Il s'est constitué ainsi une sorte de dispositif modulable dans lequel peuvent s'additionner de nouveaux outils de d'aménagement opérationnels et de gestion en fonction d'objectifs déterminés. Ces évolutions expriment elles mêmes un glissement de l'Etat vers des positions apparemment contradictoires. Ne pouvant plus imposer la régulation ancienne, réglementaire et centralisée, celui ci semble développer un double langage et une double pratique urbaine (réglementation et contrôle d'une part, tolérance d'autre part( Pierre Signoles [5].).

 

La crise dé régulation qui résulte de cette duplicité et de ce qui la fonde comme modification des rapports entre les segments de l'Etat (politique, administratif et technique ) et les acteurs locaux publics et privés, semble cependant contenir les termes mêmes de redéfinitions contractuelles et de nouveaux modes de régulation. Développés à partir de processus qu'ils contribuent à consolider ( ségrégation, reconnaissance de filières et acteurs, imbrication d'acteurs publics et privés, négociation et partenariat mais également modernisation sectorielle, promotion de nouvelles classes et élites urbaines .) les nouveaux modes de régulation et d'action, sont susceptibles de modifier sensiblement voire structurellement la relation entre les modes de gestion urbaine et la production sociale de la ville.

 

Ces bouleversements des rythmes, processus et formes de l'urbanisation et de la production de l'urbain produisent des déplacements des "problèmes " de la ville et sont source de préoccupations nouvelles. Sur un fond social constitué par la paupérisation et la pauvreté, la précarité des ressources et la gravité des difficultés de logement, de transport, d'accès aux soins et aux services, se greffent des dimensions (les distances dans la ville, la rupture des solidarités à l'échelle des agglomérations, la perturbation de l'environnement,.;) et des corps sociaux nouveaux (chômage de diplômés et de jeunes ayant été scolarisés, chômage des femmes sortis de la sphère domestique,..) et des connexions nouvelles entre question sociale ou urbaine (dans sa forme foncière ou à travers les déplacements par exemple) et espace. L'état des centres anciens en est un exemple intéressant par le lien qui s'y établit entre la question du logement insalubre ou des conditions générales de la vie urbaine pour les habitants et celle de la protection et de la valorisation du patrimoine à des fins symboliques ou touristiques du moins dans la forme posée par les milieux sociaux dominants. D'autres exemples comme ceux de la protection de l'environnement urbain (pollution, encombrements, risques, paysages et formes urbaines,.), de la réponse aux demandes d'accompagnement des initiatives collectives, de la diffusion des nouvelles technologies ( l'accès à internet ,.le téléphone,..) ou encore les changements d'échelle de gestion de la ville, indiquent les déplacements des affrontements sociaux, des rapports à la ville. et des modes de gestion nécessaires.

 

2- Ville, métiers et formation

 

Décalages

 

L'observation des rapports entre les mutations urbaines et les modes d'intervention publics sur la ville indique la multiplication croissante de décalages entre gestion urbaine et production spatiale . Ces décalages tiennent d'abord à la différence d'échelle et de portée entre les domaines d'intervention publique (grandes infrastructures, grands équipements, opérations à finalité économique stratégique : tourisme en Tunisie et au Maroc, sites urbains de valorisation des hydrocarbures en Algérie, production de logements publics ou économiques) et les processus d'urbanisation., les premiers concernant des espaces limités, centraux ou de périphérie aménagée à des fins économiques ou résidentielles tandis que les seconds couvrent l'ensemble de l'urbanisation.  Ils concernent ensuite toute la chaîne des relations entre la gestion urbaine, la planification et la formation qui nous préoccupe.

 

Un second niveau de décalage résulte des retraits de l'Etat qui sans perdre le contrôle des principaux agents de l'urbanisme et de la définition des objectifs, demande aux collectivités de mobiliser des moyens humains et financiers et surtout de participer aux structures déconcentrées (type Agences urbaines) de gestion du foncier et de l'animation des opérations, de faire face aux demandes et réactions sociales aux insuffisances d'infrastructures (eau, voirie, accidents liés à la précarité de l'habitat,.). sans leur attribuer des moyens et ressources adaptées.[6]

 

 

Décalages entre champ institutionnel et production sociale de la ville arabe

 

 

Niveaux du réél

 

 

Etudes, planification, action et opérations

 

Mobilisation et production sociale de la ville

 

 

Espaces

 

 

Routes et infrastructures, équipements

 

Embellissement

 

Patrimoine monumental

 

Eradication des bidonvilles

 

Logement économique

 

Production de logement

 

pour les classes moyennes

 

Aménagement et développement

 

de zones spécialisées: touristiques,

 

commerciales, administratives, universitaires.

 

 

Développement de l'habitat des

 

différentes classes urbaines,

 

moyennes notamment

 

commerce informel étendu

 

développement périphérique

 

dégradation de l'habitat des centres anciens et coloniaux

 

demande sociale en soins, AEP, formation, transport, culture

 

apparition des nouvelles générations urbaines constituées après l'exode rural

 

 

 

Procédures

 

 

Lois foncières et d'urbanisme

 

Plans d'urbanisme classiques

 

Plans d'aménagement

 

Résorption de bidonvilles

 

Schémas sectoriels et de transport

 

 

Filières de production du logement

 

Libération du sol à la marge,

 

spéculation, régularisation

 

Ajustements aux marchés

 

Promoteurs

 

 

 

Formations

 

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M
<br /> j te remercie pour les informations rapportées é l projetées dans un contexte réaliste avec des explications méthodique. j suis un étudiants en4 architecture é j besoin a des information apropos la<br /> ville d'alger centre é quels sont les problemes urbains é les solutions optimal projetées!!merci.j'attend une réponse dans le plus tot possible.<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> bonjour<br /> merci bien monsieur pour votre commentaire<br /> je ne suis pas un centre de documentation hélas pour vous<br /> <br /> <br /> <br />